· 11 min read
Contrôle conformité chantier 2025: éviter les sanctions avec un dossier béton (RE2020, CEE P6, RGE)
En 2025, les contrôles se durcissent et s’articulent autour de trois pivots: RE2020 en exécution, éco-conditionnalité RGE et sécurisation des aides (CEE P6). Faits majeurs: décret CEE P6 publié au Journal officiel le 4 novembre 2025, à deux mois de l’entrée en vigueur (Batiactu), référentiel RGE actualisé au 1er octobre 2025 (ADEME), audit énergétique obligatoire pour les entreprises >250 salariés ou dépassant 50 M€ de CA et 43 M€ de bilan (ADEME). Ce plan raconte comment constituer un dossier « contrôle-ready » pour passer sans sanction.

2025, l’année du contrôle: pourquoi votre chantier sera audité
2025 s’annonce comme l’année du contrôle. Pas une menace, un changement de tempo. La RE2020 sort des plans pour entrer sur le chantier: on vous demandera des preuves en phase travaux, pas seulement une attestation finale. En réalité, l’éco‑conditionnalité généralise la vérification: sans conformité, pas d’aides énergie, et les financeurs exigent des dossiers solides. Résultat: plus d’audits sur pièces, plus de visites inopinées, plus d’échantillonnage qualité.
Signal fort du moment: le décret cadrant la sixième période des CEE a été publié au Journal officiel le 4 novembre 2025, à deux mois de son entrée en vigueur (source Batiactu). Ce calendrier serré annonce un resserrement documentaire: descriptions précises, preuves de mise en œuvre, cohérences devis‑factures, traçabilité des contrôles. Côté compétences, le référentiel RGE à jour au 1er octobre 2025 conditionne MaPrimeRénov’, l’Éco‑PTZ, les CEE et certains crédits d’impôt (source ADEME) — autrement dit, vos qualifications et vos pièces seront scrutées.
Pourquoi votre chantier sera audité? Parce que l’argent public et les objectifs carbone se jouent à la ligne près. Exemple concret: une isolation sans photos de pose ni référence produit claire bloque souvent un CEE et retarde le paiement. Préparez le contrôle dès l’ouverture de chantier, pas la veille: un dossier contrôle‑ready évite les primes perdues, les délais et, parfois, les litiges.
Qui contrôle quoi, et que risque-t-on en 2025 ?
Après avoir vu pourquoi 2025 s’annonce comme l’année du contrôle, penchons-nous sur la question qui fâche souvent sur site: qui contrôle quoi, et qu’est-ce que ça change concrètement ? Spoiler: la paperasse n’est plus un supplément, c’est la preuve de la réalité du chantier.
- Inspection du travail: elle regarde la sécurité sans détour. Affichages obligatoires visibles, registre sécurité, habilitations, plan de prévention en cas de coactivité. Un garde-corps manquant ou un PPSPS non signé, et vous risquez arrêt de chantier immédiat, mise en demeure et amendes.
- Coordonnateur SPS: PPSPS à jour, journal de coordination, accès, consignations, coactivités. Il pointe les écarts et peut exiger la mise en conformité avant reprise. Son œil est clinique sur les preuves datées et signées.
- MOA et MOE: conformité contractuelle, autocontrôles, PV, fiches produits, et DOE complet à la clé. Des écarts ? Attendez-vous à pénalités, retenue de garantie, réserves interminables… voire contentieux.
- Déchets et REP PMCB: traçabilité des 7 flux, BSD dématérialisés et preuves de reprise. Des manques = constats, amendes et effet domino sur vos aides.
- Financeurs CEE et certificateurs RGE: photos horodatées avant–pendant–après, preuves produits, mises en service. La P6 des CEE s’applique deux mois après sa publication au JO du 04/11/2025, donc dès janvier 2026; pourtant, les contrôles se musclent dès fin 2025. Et l’éco-conditionnalité RGE est réaffirmée: anomalies = invalidation d’aides, gel ou retrait RGE.
En clair, chaque intervenant tient un bout de la ficelle, mais tous tirent sur vos preuves. Soyez prêt, ou c’est le portefeuille qui trinque.
Le dossier « zéro sanction »: check-list des documents obligatoires
Après avoir clarifié qui contrôle quoi, passons au concret: votre dossier « zéro sanction ». L’idée est simple: un classeur unique par chantier, cinq intercalaires, et rien ne manque le jour J.
- Sécurité / Santé: PPSPS validé par le coordonnateur SPS, plan de prévention (coactivité), DUERP à jour, habilitations (électrique, nacelle, travail en hauteur), vérifications périodiques et rapports (échafaudages, levage, EPI).
- RH / Affichages: registre du personnel, planning nominatif, attestations de visites médicales d’aptitude, consignes et affichages obligatoires (secours, numéros d’urgence, coordonnées chef de chantier).
- Technique / Juridique: DICT, plans et DOE en cours, attestations d’assurance RC pro et décennale, plans de retrait si amiante (et diagnostics associés le cas échéant).
- Sous-traitance: contrats et déclaration de sous-traitance, K-bis, attestations sociales et fiscales (vigilance URSSAF), qualifications RGE si des aides sont mobilisées.
- Environnement: plan de gestion des déchets, bordereaux de suivi (BSD), preuves REP PMCB, registre des 7 flux (bois, métal, plâtre, inertes, plastiques, verre, fraction résiduelle).
Pourquoi s’astreindre à ce niveau d’ordre? Parce que ce socle sécurise les aides conditionnées: RGE requis pour CEE, MaPrimeRénov’ et Éco-PTZ (référentiel ADEME), et parce que les contrôles se parlent entre eux. Exemple très courant: un dossier CEE qui cite des déchets valorisés devra retrouver les mêmes volumes dans vos bordereaux et votre registre 7 flux. En gardant ce classeur vivant dès l’ouverture du chantier, vous gagnez deux choses: de la sérénité, et du temps quand l’auditeur sonne.
RE2020 en phase travaux: quelles preuves présenter le jour J
Après la check-list, passons au concret: le jour J, ce qui compte, c’est la preuve terrain, rangée par lot et datée. Qu’est-ce qu’on montre sans trembler ?
- Produits et matériaux: FDES ou PEP des références réellement posées, avec traçabilité des approvisionnements bas carbone (bons de livraison, certificats lot par lot, mention de la classe bas carbone). Gardez l’alignement entre fiche environnementale et code article posé, sinon ça coince.
- MOE et ACV: tableau de synthèse issu des études avec les indicateurs RE2020 utilisés sur le projet (Ic construction, Ic énergie, Bbio, DH), plus les hypothèses clés. L’auditeur veut voir la chaîne logique entre choix produits et résultats.
- Essais et systèmes: PV d’infiltrométrie signé, rapports de mise en service ventilation et CVC avec mesures de débits et d’équilibrage. En réalité, un bon PV éteint 80 pour cent des questions.
- Isolants et menuiseries: preuves de conformité et performances déclarées (par exemple, certificat ACERMI pour les isolants, Uw et Sw des menuiseries), concordantes avec l’étude.
- Déchets: registre 7 flux et bordereaux, attestations de reprise en filières REP PMCB. Notez les tonnages et les exutoires, pas juste des tickets scannés.
Rassemblez par lot, signez, datez. Ce paquetage fluidifie le contrôle MOA et MOE et sécurise l’éligibilité aux aides énergie adossées à la performance, en cohérence RGE et CEE. L’ADEME parle d’éco-conditionnalité; P6 durcit les contrôles, et Batiactu l’a bien illustré.
CEE P6: décret du 4 novembre 2025, impacts pratiques en contrôle
Après la RE2020 côté preuves travaux, cap sur les CEE. Le décret du 4 novembre 2025 qui lance la P6 est au Journal officiel, et la filière souffle un peu, à deux mois de l’entrée en vigueur (Batiactu). Soulagement, oui. Mais sur chantier, qu’est-ce que ça change le jour du contrôle ? Des preuves plus denses, mieux horodatées, et des responsabilités clarifiées.
Concrètement, attendez-vous à un resserrage des mailles: photos datées avant/pendant/après, fiches d’opérations, attestations de conformité, traçabilité produits et pose, et RGE valide de chaque entreprise (l’éco‑conditionnalité rappelée par l’ADEME revient au premier plan). Le piège classique, c’est l’info introuvable six mois plus tard.
À prévoir dès l’ordre de service, noir sur blanc avec MOA et MOE:
- Qui prend quelles photos, à quel moment, avec horodatage conservé (EXIF) et repères de localisation.
- Quelles fiches d’opérations et attestations doivent être signées, par qui, et sous quel format.
- Traçabilité: référence exactes, numéros de série ou de lot sur facture et photos des étiquettes; PV d’autocontrôle de pose.
- RGE: attestations à jour de tous les intervenants, périmètre et dates de validité.
Exemple très parlant: pour une PAC, gardez la photo de la plaque signalétique, le numéro de série reporté sur la facture, la mise en service et l’attestation de conformité électrique. Pour un relamping tertiaire, capturez les cartons avec références et un échantillon posé, plus la feuille de dépose des anciens luminaires. En réalité, ce n’est pas « plus de paperasse »: c’est la condition pour sécuriser vos kWh cumac et éviter une invalidation lors du contrôle a posteriori.
RGE au 1er octobre 2025: qualifications à jour et pièces à fournir
Après avoir serré la vis côté CEE, zoom sur le nerf de la guerre: votre RGE. Délivré en qualification par Qualibat, Qualit’EnR, Qualifelec, ou en certification par Certibat/Cerqual, il conditionne l’accès à MaPrimeRénov’, à l’Éco-PTZ, aux CEE et, pour certaines TPE‑PME, au crédit d’impôt (source: ADEME).
Au 1er octobre 2025, pour passer un contrôle sans sueurs froides, ayez sous la main:
- Attestation RGE à jour avec le bon domaine (ex. ITE, PAC air‑eau, étanchéité toiture‑terrasse)
- Preuves de chantiers de référence alignées sur le domaine déclaré
- Rapports d’audit de réalisation et suites données
- Procédures qualité internes (contrôles d’entrée, PV, fiches d’autocontrôle)
- Formations et habilitations des intervenants (FEEBAT, électriques, fluides, amiante si concerné)
Deux points piquent souvent. Le périmètre: votre RGE doit couvrir exactement l’opération standardisée contrôlée. La temporalité: la validité doit couvrir la période du chantier et la date d’engagement des aides. Sous‑traitance? Gardez les contrats et les attestations RGE du sous‑traitant.
Un RGE non conforme ou expiré peut faire basculer l’éligibilité: aides recalculées, dossiers CEE retoqués, MaPrimeRénov’ refusée. Mieux vaut vérifier maintenant que votre attestation, vos références et vos audits racontent la même histoire que votre chantier.
Bâtiments tertiaires: l’audit énergétique réglementaire, le contrôle souvent oublié
Après les qualifications RGE, zoom sur le grand oublié du tertiaire: l’audit énergétique réglementaire. Obligatoire pour les entreprises de plus de 250 salariés ou dépassant 50 M€ de CA et 43 M€ de total de bilan (ADEME), il structure votre conformité: périmètre clair, données par usage, campagnes de mesures, portefeuille d’actions chiffrées.
Pourquoi est-ce que ça coince encore en contrôle? Parce que la qualité reste inégale. L’étude ADEME (une centaine d’audits) pointe des synthèses illisibles, des trous dans les séries et des bilans énergie qui ne collent pas aux actions proposées. Or, la validation sur plateforme commune (OPERAT) attend un fil narratif solide et des chiffres raccordés.
Le jour J, l’auditeur recoupe:
- Périmètre et pièces: sites, m², baux, plans, usages (chauffage, refroidissement, ECS, éclairage, auxiliaires).
- Données: factures météo-normalisées, exports GTB, courbes 15 min, hypothèses sourcées.
- Mesures: protocoles, étalonnages, photos in situ.
- Plan d’actions: économies kWh/an, CAPEX/OPEX, TRI, phasage 1–3–5 ans, risques et co-bénéfices.
Astuce pragmatique: un résumé exécutif (10 pages max) et un dossier technique horodaté (sources brutes + calculs) alignés sur la nomenclature OPERAT évitent 80% des relances. Exemple: sur un campus de 40 000 m², un sous-comptage sur 4 semaines a révélé 25% d’usages en veille; trois actions no-regret (plages horaires, consignes GTB, extinction automatique) ont financé le reste.
Votre rétroplanning conformité: 90 jours pour être « audit-ready »
Après avoir cadré qui contrôle quoi, passons en mode exécution. Objectif clair: en 90 jours, vous rendez votre chantier audit-ready sans stress ni sprint de dernière minute. Pourquoi ce tempo? Parce qu’à 90 jours on structure, à 60 on sécurise, à 30 on ajuste, à 15 on prouve, et le jour J… on déroule.
- J-90 — Cartographiez vos contrôles probables (sécurité, RH, technique, environnement, RE2020, aides). Ouvrez le dossier unique avec son index, droits d’accès et règles de nommage. Dès ce jour, tout y vit: contrats, plans, preuves.
- J-60 — Mettez à jour vos qualifications RGE, planifiez formations et habilitations. Verrouillez la traçabilité: FDES et PEP, certificats, achats bas carbone. Anticipez CEE P6: deux mois avant, cadrez périmètres et preuves attendues.
- J-30 — Audit interne documentaire: devis, fiches techniques, PV, attestations, PAQ. Corrigez les contrats avec MOA et MOE (clauses de preuves, jalons photo, validations). Le but: zéro angle mort le jour J.
- J-15 — Revue terrain: photos datées, numéros de lot visibles, repérage des ouvrages, écarts traités et re-photographiés. Préparez un mini-plan de correction express si quelque chose dérape.
- J — Un point d’entrée unique: une personne, un poste, un dossier ouvert. L’inspecteur pose une question, vous cliquez, la pièce apparaît. Fluide, net, maîtrisé.
Résultat concret: vous réduisez fortement le risque d’arrêt de chantier, d’invalidation d’aides ou de retrait RGE (un sujet sur lequel l’ADEME insiste régulièrement). Et surtout, vous gardez la main sur le calendrier… pas l’audit.
Kit opérationnel par type de contrôle: pièces à montrer sans hésiter
Vous voulez passer un contrôle sans sueur froide ? Allez à l’essentiel, dossier ouvert, pièces prêtes. En 2025, on ne gagnera pas au bagou : c’est la preuve qui parle.
- Inspection du travail: DUERP à jour et diffusé; PPSPS ou plan de prévention signé; registre unique du personnel et affichages obligatoires; habilitations et CACES; vérifications périodiques et rapports de contrôle (levage, échafaudages, extincteurs); permis de feu et consignes.
- Coordination SPS: PPSPS validé par le coordonnateur; modes opératoires des tâches critiques; consignations électriques et fluides; plan de circulation; fiches d’accueil sécurité; journal de coordination et levée des réserves.
- MOA MOE et RE2020: FDES et PEP des produits clés; PV d’essais et d’autocontrôle en cours de chantier; traçabilité des matériaux et marquage CE DoP; DOE en construction avec notices, garanties et plans de récolement.
- Déchets et REP PMCB: plan de gestion; bordsereaux de suivi des déchets; preuve du tri à la source en 7 flux; contrats et justificatifs d’exutoires agréés, pesées et factures à l’appui.
- Aides, RGE et CEE P6: attestation RGE en vigueur; preuves photo avant pendant après; fiches d’opération et conformité de pose selon les référentiels RGE de l’ADEME; éléments CEE P6 requis par le décret publié au JO le 04 11 2025, tel que relayé par Batiactu.
Astuce terrain: glissez ces modèles dans votre dossier unique, indexé et daté. Le jour J, vous déroulez. Et quand on passe vite d’une pièce à l’autre, le contrôle aussi.
